Miséricorde

réalisé par Alain Guiraudie (2024)

Jérémie retourne dans son village d'enfance de l'Aveyron, pour l’enterrement de son ancien patron. Il s'installe quelques jours chez Martine, sa veuve. Mais entre une disparition mystérieuse, un voisin menaçant et un abbé aux intentions étranges, son court séjour au village prend une tournure inattendue… Savoureuse comédie noire aux airs de thriller automnal, Miséricorde signe le grand retour d'Alain Guiraudie (L'Inconnu du lac) avec un casting de qualité. Un conte rural aux faux airs chabroliens, délicieux et provocant, qui obtient huit nominations aux César 2025 — dont une pour Félix Kysyl, la jeune révélation du film que l'on va revoir sans aucun doute très vite.

Après L'Inconnu du lac et Viens je t'emmène, Alain Guiraudie fait une nouvelle fois danser les corps dans une ruralité funeste avec Miséricorde. A la lisière du polar noir et du conte macabre, sa caméra filme le désir, la sexualité décharnée et enserre ses personnages dans les griffes d’un destin tragicomique. Le cinéaste continue sa traque de la poésie froide des villages mystérieux sans concéder à la beauté foudroyante de certains plans impressionnistes.

Flee

réalisé par Jonas Poher Rasmussen (2021)

Que signifie le mot maison quand on a dû fuir la sienne, ou encore homosexuel dans un pays où l'être est interdit ? Le réalisateur Jonas Poher Rasmussen interroge le pouvoir du langage pour sonder le vécu du personnage - Amin, réfugié afghan arrivé seul au Danemark à seize ans. Une mise en scène hybride s’impose au-delà de la censure, de l’obscurantisme et des frontières. Des archives de guerre et de journaux se mêlent à l’animation comme pour combler les trous de la mémoire d’Amin et de la nôtre. Si Flee relève de la cinémathérapie, c’est son animation, alternant couleurs chaudes et un noir et blanc au fusain, qui lui confère toute sa force émotionnelle. Une œuvre poignante, trois fois nommée aux Oscars en 2022.

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